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AFOM /AG 2008 / lecture de l’évangile.

Romains 12, 1 à 8

L’idée de vocations partagées, d’une sorte de Pentecôte au sein des différentes fonctions de la vie communautaire est fondatrice d’une ecclésiologie et d’une théologie que nous partageons souvent dans nos débats, en interne, dans chacune de nos confessions. Il en ressort un sentiment d’harmonie, de paix quand chacun a sa place et se considère sous le regard bienveillant de Dieu de qui vient sa vocation.

Cette impression est amplifiée par l’appel à la pondération qui limite les prétentions excessives. Nous avons là un modèle théorique, presque un article de foi pour un fonctionnement idéal de la communauté chrétienne.

En préambule de tout cela, Paul indique une rupture nécessaire avec le monde pour atteindre le bon fonctionnement de ce nouveau corps spirituel qu’est la communauté chrétienne.

Notre prière d’intercession fait régulièrement référence à cette image du corps, nous demandons à Dieu de nous aider à être à la hauteur de nos vocations et charismes. Car comme Paul nous vivons au milieu de contres exemples de communautés déchirées, fondées sur le charisme d’un père fondateur puis fouettard… et nous mesurons dés lors l’importance de la conversion personnelle pour entrer dans cet idéal de la communauté Corps du Christ.

L’histoire de la mission a été sur ce sujet une épreuve pour les églises. Les différentes approches missionnaires pour le coté catholique, les différentes dénominations pour le coté protestant ont posé régulièrement la question de l’unité au-delà des différences, des manières de vivre la rencontre avec l’autre.

A un autre niveau celui de l’œcuménisme, l’image du corps et celui de la complémentarité des uns et des autres pour être le corps du Christ est une image utile pour dynamiser et donner un sens à l’unité des chrétiens.

Ainsi dans le champ de la mission et dans celui de l’œcuménisme, ce texte de l’apôtre Paul montre à la fois la distance qui reste à parcourir pour atteindre le but mais aussi combien cet idéal est source de bonheur dès lors qu’il peut se vivre.

Je ferai deux remarques. Sur la distance entre l’idéal et la réalité il me semble que depuis que nous sommes sortis de cette perspective d’un monde chrétien ou d’une nation chrétienne, que nous refusons en partie l’isolement sectaire de nos communautés, nous avons pour défi la mise en œuvre de l’évangile de Jean chapitre 17, repris en une phrase par Paul. «  Je ne te demande pas de les enlever du monde, mais de les garder du malin ». Notre monde fonctionne sur l’ambition, moteur de ce qu’il nomme le progrès. Chacun doit pouvoir exprimer ses prétentions. Et si la diversité est reconnue, elle ne se vit que dans des rapports de subordinations. Comment passer de ce monde vers celui de la communauté de foi ? Théologie des deux règnes, stratégies de compromis…

Seconde remarque : Avec les différents dons, je note que l’apôtre souligne l’encouragement, la générosité, la compassion avec joie. Voilà pour moi une bonne nouvelle qui prend un peu de distance avec les notions d’efficacité, de service, d’enseignement, de prophétie tout ce qui paraît bien sérieux, nécessaire mais qui peut, sans discernement devenir une addition de contraintes, d’obligations contraires à l’évangile libérateur. Il est bon que Paul puisse apporter de l’espace pour respirer et donner à ce programme communautaire cette perspective du bonheur.

Si nous continuons notre lecture et j’en terminerai avec cette belle intention : « soyez plein de tendresse les uns pour les autres », dit autrement  «  soyons plein de tendresse entre nous ! »

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