Paris, janvier 2003

Aux adhérent(e)s et ami(e)s de l'AFOM

Un témoignage, espace de la mission

Chers amis,

C'est une joie que de vous adresser ce courrier et de vous présenter mes vœux dans le Seigneur pour vous-mêmes, pour les vôtres, pour vos engagement au service de la mission.

Je viens de passer quelques semaines en Algérie pour y rencontrer des prêtres français. J'ai pris conscience de façon accrue que toute Eglise est fondée sur le témoignage.

Le témoignage visible (et quelquefois dérangeant) des communautés évangéliques, le témoignage enfoui de prêtres et de religieuses catholiques qui, parfois depuis des dizaines d'années, vivent dans des quartiers ou des villages, se mettant au service de la société et de leurs voisins, le témoignage direct de ces étudiants subsahariens qui suscitent l'étonnement de leurs camarades parce que chrétiens, le témoignage suprême de ceux qui ont versé leur sang en terre d'Algérie, à cause de leur idée de Dieu et de leur idée de l'homme.

Les épreuves traversées par les chrétiens dans les années islamistes, la détermination de la plupart d'entre eux à demeurer dans le pays quoi qu'il arrive, ont acquis aux Eglises une citoyenneté spirituelle. Les Eglises chrétiennes en Algérie, ne sont plus, au moins dans certains milieux et pour un certain temps, considérées d'abord comme étrangères. Le colloque de 2002 organisé autour d'Augustin Philosophe, en est un signe timide. L'année 2003 de l'Algérie en France verra plusieurs manifestations rappelant l'impact des religions monothéistes (judaïsme, christianisme et islam) sur le pays depuis l'antiquité. Une période s'ouvre pour les chrétiens, où ils peuvent plus librement rendre compte de l'espérance qui est en eux. Une période qui risque d'être de courte durée. Si la guerre était déclarée à l'Irak, quelle que soit la position des gouvernants, beaucoup l'interpréteraient comme une attaque de l'Occident chrétien contre l'islam.

Mais dans toutes les circonstances prévisibles, le témoignage demeure, un témoignage en actes et en paroles. Quand les paroles ne sont pas possibles, les actes eux-mêmes deviennent paroles. Un témoignage qui est l'espace de la mission.


Jean-Marie Aubert, président de l'AFOM

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