Par Jean Pirotte, professeur émérite de l’Université de Louvain-la-neuve
Notre ami Maurice Cheza est décédé ce samedi 1er juin à Namur. Il venait de fêter le dimanche précédent ses 83 ans.
Maurice était un fidèle du Crédic depuis 1983. Il ne passait pas inaperçu. Ses prises de position parfois abruptes suscitaient des réactions en sens divers. Fidèle en amitié, il avait son franc-parler. Il avait des opinions nettes et savait les défendre.
Né en 1936, ordonné prêtre du diocèse de Namur en 1959, il était docteur en théologie de l’Université de Louvain (1963). De 1963 à 1968, il a d’abord enseigné au grand séminaire d’Élisabethville (actuellement Lubumbashi, RDC), puis dans son diocèse au grand séminaire de Namur de 1968 à 1977. Il a participé à diverses entreprises, notamment de 1970 à 1984, au fonctionnement du Séminaire Cardijn de Jumet (Céfoc), qui formait des prêtres issus du monde ouvrier. Il a beaucoup souffert de l’arrivée en 1991 à Namur d’un évêque de la mouvance restauratrice autoritaire. Il voyait défigurée par l’autoritarisme et le cléricalisme un Église qu’il voulait ouverte au monde et aux plus pauvres.
Chargé déjà depuis plusieurs années de quelques enseignements à l’Université de Louvain (Louvain-la-Neuve), il est nommé chargé de cours en 1990, puis professeur à la Faculté de théologie. Ouvert à tous les souffles du monde, Maurice Cheza a été l’un des piliers du Centre Vincent Lebbe, créé en 1985 à Louvain-la-Neuve, orienté vers les questions d’inculturation du christianisme hors d’Europe. Au Crédic, il a été très actif notamment pour l’organisation de sessions (en collaborant avec Monique Costermans, Claude Soetens et moi-même) : plusieurs colloques à Louvain-la-Neuve, à Gentinnes, à Namur. Il a aussi dirigé en collaboration plusieurs volumes des actes du Crédic. Engagé également dans l’Afom, il a participé à de nombreux chantiers, publiant des textes fondateurs de chrétiens des Églises d’Afrique et d’Asie. Un de ses derniers chantiers a été la mise en œuvre et la réalisation du Dictionnaire historique de la théologie de la libération, paru en 2017 avec la collaboration notamment de Caroline Sappia.
Maurice Cheza était un homme droit, il avait en horreur l’hypocrisie et le cléricalisme et avait l’obsession de la justice. Il avait une personnalité forte, mais ouverte. Sous une écorce rude et un humour souvent caustique, affleurait une grande sensibilité et une réelle tendresse. Maurice voulait être un homme avant d’être un homme d’Église.
Jean Pirotte, le 2 juin 2019
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